Dimanche 18 Septembre 2011

18/09/2011 07:00

  

                                    NEUVAINE   DELIVRANCE   2011    -     LA FAMILLE

 

               Poursuivant  notre réflexion  sur la famille chrétienne, nous en venons, frères et sœurs, à  une question essentielle de l’Education : « Comment  pouvons-nous  ‘’accompagner’’ nos enfants  dans  le choix de leur vie ? »

 

               Quelle doit être notre attitude en face des options qui vont se présenter  à votre enfant  tout au long  de ces 20 premières années qui sont comme les ateliers de leur vie d’adulte ?

 N’oublions pas que l’enfant, au départ de sa vie, est un peu comme un apprenti  sous la conduite  d’un artisan  confirmé  qui va  lui  apprendre petit à petit  la technique, le coup  de main, les  recettes  qui  feront  de lui, plus tard, un artisan de valeur.

L’enfant, comme un arbre a besoin d’un tuteur lorsqu’il est encore trop fragile. Il a besoin  de quelqu’un, debout à côté de lui pour le protéger, le diriger, le conseiller, lui dire qu’il fait fausse route  ou le féliciter lors-qu’il a réussi ses premiers essais.

C'est notre rôle, à nous  parents  de les accompagner  dans  cette crois-sance psychologique, affective, spirituelle qui vont faire de lui, ensuite, un homme  ou une femme réussi, c’est-à-dire  pleinement  capable  de tenir sa place dans une famille, dans sa profession et dans la société.

 

             Cet  accompagnement  se  fera  dans la  progressivité : on ne va pas  mettre au volant  un enfant  dans la voiture de son père. Il faut du temps, il faut des essais, un âge, des expériences avant qu’il ne soit ca-pable de la mettre en route et de respecter ensuite le code de la route.

                      


Par souci de bien faire, certains parents  vont  trop vite  dans ces initia-tives  à la vie  de tous les jours tandis que d’autres ralentissent et retar-dent leurs enfants en ne leur donnant pas assez de responsabilités. Il y a un âge pour tout : ne pas anticiper, ne pas ralentir une croissance.

Essayons de suivre  le rythme  de la croissance naturelle  de l’enfant ou du jeune  pour lui  proposer  et offrir  à sa liberté  des activités  qui sont adaptées  à son âge : l’enfant  ne se sentira  vraiment  libre que si on lui propose  des activités qui sont à la mesure de ce qu’il peut et veut faire vraiment.

 

               Au départ, vos enfants dépendent presque totalement de vous et ils vont  vous regarder  pour essayer de vous imiter. Profitez de cette admiration  que votre enfant  va avoir  envers son père et sa mère pour que, par votre vie  personnelle, ils puissent  vous imiter : c’est  ce qu’on appelle l’EXEMPLE.

L’enfant, au  départ, va  mimer  ce que  vous  faites  et essayer  de faire comme  vous  et  c’est  une force  extraordinaire  d’éducation  pour les choix  futurs  de votre  enfant. Mais  cette force  d’exemplarité  va s’es-tomper peu à peu.

 

               Vous connaissez cette histoire : 

·       Nathan est dans sa petite enfance : « Papa est formidable ».

·       Nathan a 6 ans : « Je veux tout faire comme papa ».

·       Nathan a 12 ans : « Il y a des choses que papa ignore ».

·       13 ans : « Papa a des défauts ».

·       15 ans : « Papa est vieux jeu, il est dépassé ».

·       17 ans : « Surtout, me  démarquer  de  papa ; d’ailleurs, il  ne  me comprend  pas. Je me pose en m’opposant à lui».

·       25 ans : « Tiens, après tout, papa avait raison ».

·       30 ans : « Je vais demander conseil à papa ».

                      

               Notre  objectif : faire  de mon fils, de ma fille, un être  libre, ca-pable   de se déterminer, non pas  en fonction de ses parents, modèles ou pas, mais  selon une conscience  que nous avons  fait grandir  en lui, année après année, mois après mois, jour après jour; en  faire  un  être autonome  (pas un fils à papa  ou une fille à sa maman  mais  avec  une boussole intérieure  capable  de ne pas être  dépendant  du champ ma-gnétique de son éducation.   

 

               Les  jeunes  ne  sont  jamais  - heureusement ! -, les  répliques exactes  de ceux  qui les ont élevés (et c’est une chance !), quelle  que soit votre valeur  personnelle  à vous. De toutes façons, ils n’ont pas le même  génome  que vous  ni la totalité  de vos chromosomes : ils vous échapperont  et cette fuite  est bienfaisante. Chaque enfant est  la pro-messe et la dynamique de quelqu’un d’autre  absolument différent de tous les autres, tout comme ses empreintes digitales ou son ADN.  

 

               Vous avez peut-être le droit d’imaginer l’enfant idéal que vous voudriez  avoir  mais de toutes façons, il sera  différent  de vos rêves de parents : il a droit  à sa personnalité  à lui. La famille n’est pas un moule dans lequel  seraient coulés  des robots  identiques  et certains  d’entre vous  ont été  bien  étonnés  d’avoir mis au monde  des héritiers  tout à fait différents de ce qu’ils avaient prévus : héros ou crapules ?

 

                Deux excès contraires  sont  à éviter  dans l’éducation  de  vos petits  chéris, car  vous les  aimez  vos enfants  et  vous leur  voulez  du bien : mais  même  en  amour éducatif, il y a des impasses  ou des faus-ses pistes.

*   1er danger : un dirigisme, un totalitarisme  qui  font  de vous, des  pa-rents  tyrans ; parents  pleins  de principes  éducatifs  où le père  est un commandeur, un petit chef. La famille  n’est pas  une caserne, même si

                                 

elle est nombreuse et le père n’est pas un adjudant. Elle  n’est pas  non plus une couveuse qui met l’enfant à l’abri de toutes les aventures : ces enfants-là deviendront assez vite des révoltés.

*    2ième excès contraire : tout laisser faire, tout permettre, capituler  de-vant les exigences de ses caprices  au nom de la sacro-liberté à laquelle il a droit parce qu’alors, ce sont eux qui vont devenir vos tyrans et com-me  vous ne voulez pas  avoir d’histoires  avec eux, vous les laissez faire parce que vous croyez qu’en leur refusant ils vous aimeront moins…

 

                L’enfant, est comme la nature, il a horreur  du vide  surtout du vide éducatif. Il a besoin de s’affirmer, ‘’de se poser en s’opposant’’. Un enfant  qui pourrait  satisfaire  tous ses caprices  et qui n’entendrait  ja-mais  papa ou maman  dire « non », un enfant  à qui on n’opposerait ja-mais  de refus  deviendrait  très vite  un désaxé, un angoissé  et le client des ‘’psys’. Il a  trop besoin de frontières, de murs, de cadres, de points fixes à l’égard desquels il peut se situer, se repérer. 

 

               Le grand prophète et poète  Khalil  Gibran nous le rappelle : « ‘’Vous n’êtes pas les propriétaires de vos enfants ‘’ ».

Ils nous sont seulement confiés. Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils appartiennent  à l’avenir, à la génération  qui va suivre et qui sera telle-ment  différente  de la vôtre. Ils viennent  à  travers vous, mais  non  de vous.

Vous pouvez leur donner votre amour  mais  non point vos pensées, ac-cueillir  leur corps  mais pas leur âmes : ces âmes habitent la maison de demain  que vous ne pouvez pas  visiter. Vous pouvez vous efforcer  de les  comprendre  mais  n’essayez pas  de les faire  comme  vous, à votre idée. La vie ne va pas en arrière, elle ne s’attarde pas avec hier.

Vous êtes ceux qui doivent les projeter en avant comme des flèches vi-vantes, et vous, vous êtes les arcs. Les archers doivent viser la cible, es-

                                      

timer  le chemin  à parcourir  par la flèche  mais surtout donner à cette flèche  le dynamisme, la force d’élan  pour  qu’elle puisse  voler  vite et loin. Vous tirez sur la corde de l’arc  pour lancer  la flèche, mais  c’est la flèche qui part, qui vole, qui s’en va. Vous, vous restez sur place, le plus fixe possible. L’arc reste stable : stabilité, fidélité dans la manière  dont vous allez faire grandir vos enfants.

Vous les élevez pour eux et non pas pour vous. Ils auront une existence totalement différente de la vôtre : il faudrait savoir  deviner  les valeurs qui les feront vivre plus tard.

 

               Il y en a  au moins  une  qui sera toujours prioritaire, quelle que soit  la  couleur  du  temps  futur ; ce  sont  les  valeurs de l’Evangile, les ‘’Béatitudes’’, le ‘’Sermon  sur  la montagne’’: pauvreté, douceur, humi-lité,  pureté,  droiture,  pardon,  partage,  fraternité,  Amour  de  Dieu,  Amour des autres.

S’ils  savent  vivre ça, leur  vie, parce qu’ils  ont essayé  d’en  vivre  dans leur enfance, leur vie ne sera pas forcément facile, mais  sûrement épa-nouie.

C’est ce qu’avec Dieu, père de famille, nous désirons.

 

                                                                    AMEN